La chute des personnes âgées

En France, chaque année, 1 personne sur 3 de plus de 65 ans chute à son domicile. Ces chutes ont des conséquences, physiques, psychologiques, sociales . Les chutes sont malheureusement un élément déclencheur d’une perte d’autonomie, d’angoisse conduisant à un changement de milieu de vie qui peut se traduire à un placement en EHPAD.
Prévenir la chute, c’est donc permettre aux aînés de conserver leur autonomie, leur qualité de vie et favoriser le maintien à domicile.
Un fait réel
Laissez moi vous parler de Mme B.
Elle est veuve, elle a 86 ans et vit seule à son domicile , un appartement au 3 ème étage avec ascenseur.
Mme B. est très indépendante et n’aime pas se laisser dicter les choses.
Elle a 3 enfants dont aucun ne vit près de chez elle « c’est très bien comme ça, on se voit quand ils sont en vacances, on s’appelle régulièrement mais je veux rester leur maman ! Ce n’es pas eux qui vont me dire comment je dois vieillir et ce que je dois faire ! ». pour rassurer ses enfants elle a pris une téléassistance mais elle porte peu le bracelet « je suis en pleine forme ! ».
Mme B. sort un peu tous les jours pour faire des petites courses. Elle n’aime pas trop cuisiner, « mais il le faut bien , faut se nourrir !». Mme B. a une femme de ménage 2 heures une fois tous les 15 jours « c’est bien suffisant, toute seule je ne salie pas beaucoup ».
Un matin, Mme B. a perdu l’équilibre en voulant monter dans sa baignoire, elle a basculé et est tombée en arrière sans pouvoir se rattraper. Pourtant ses enfants lui avaient conseillé de la changer pour mettre une douche à l’italienne extra plate comme ils disent !. Mais Mme B. s’est toujours lavée dans sa baignoire et tout c’est toujours bien passé, jusqu’à aujourd’hui.
Mme B. a mal à la tête , elle saigne, et très mal au bras droit. Le bracelet de la téléassistance est resté sur sa table de nuit, comme d’habitude.
Tant bien que mal elle réussie à appeler sa fille qui aussitôt appelle le SAMU. Mme B. part aux urgences, elle y restera 9 heures avant d’être transférée dans un service de traumatologie.
Fracture du bras droit ( plâtre pendant 6 semaines) et 6 points de suture à la tête, quand même !
L’assistante sociale est réticente à la laissé rentrer chez elle : il faut mettre en place des passages réguliers d’une auxiliaire de vie pour une aide à la toilette , le temps que le bras retrouve toute sa mobilité, une aide pour les courses, la cuisine, et le linge. Mme B. a également besoin d’aide pour s’habiller et de déshabiller. Il faut trouver aussi un kiné pour la rééducation et une infirmière à domicile pour les soins.
« Tout ce chamboulement pour une malheureuse chute ! »
La fille de Mme B. n’a pas le temps de mettre toutes ces aides en place, Mme B. culpabilise de faire perdre du temps à sa fille. Un coordinateur autonomie de Nantes ( Senior Coordination) a mis en place les aides nécessaire, préparer les dossiers de financement et vient régulièrement faire le point avec Mme B. tout en tenant sa fille au courant de l’évolution de l’autonomie de sa maman.
Aujourd’hui Mme B. ne prend plus de douche seule , elle a peur de tomber. Elle ne sort presque plus de chez elle pour les mêmes raisons. Son appétit s’est dégradé et un début de dépression de faire sentir. La chute a fait basculer son équilibre de vie.
Les raisons qui peuvent expliquer une chute
- La personne : les douleurs, des troubles moteurs ou de la coordination, une prise médicamenteuse, la sédentarité, des problèmes de vue, une malnutrition ou dénutrition , un problème de santé tel que les maladies dégénératives, …
- L’environnement: un escalier dangereux, une baignoire non adaptée,des tapis non-fixés, des meubles en hauteur, un mauvais éclairage, un encombrement de l’espace,…
- Le comportement: des chaussures inadaptées, un transport de charges trop lourdes, un oubli de lunettes, un manque de vigilance et de concentration, une précipitation dans la réalisation de certains actes courants, la consommation d’alcool
Les conséquences d'une chute
Après une chute, 40% des personnes hospitalisées ne pourront plus retourner vivre à leur domicile. Une chute sur douze provoquera une fracture et dans un tiers des cas, c’est le col du fémur qui est touché.
Les conséquences d’une chute vont être multiples : il y a bien sûr le risque de blessure physique (hématome, plaie ouverte, entorse, fracture…) mais également la possibilité d’un traumatisme psychologique.
La peur de chuter à nouveau est probablement la plus dommageable. En effet, la peur provoquée par une première chute entraine souvent une importante diminution des activités physiques et sociales. Cette diminution des activités engendre généralement une détérioration de la condition physique et de la santé psychologique pouvant mener à d’autres problèmes de santé et à l’isolement.
Ce qu'il faut faire pour éviter de tomber
Le plan anti-chute du gouvernement 21 février 2022 :
en quelques mots le le ministère des Solidarités et de la Santé et le ministère de l’Autonomie propose un « plan anti-chute des personnes âgées » dont l’objectif est de donner plus d’autonomie aux personnes gagnant en âge. Quelques propositions sont faites :
– lutter contre la dénutrition : renforcer les apports en protéines
– renforcer les capacités motrices : accès facilité à l’activité physique adapté
– atténuer les troubles sensoriels : vision et audition mieux surveillé
– favoriser le port du bracelet connecté: téléassistance et bracelet anti-chute
– adapter les espaces de vie : vu plus haut dans aménager son domicile

Pour conclure
Les chutes à domicile constituent un problème majeur de santé chez les personnes âgées ,par leurs conséquences lourdes: blessures ,fractures ;perte d’autonomie, altération de la qualité de vie.
La plupart des chutes résultent de multiples facteurs de risque individuels et environnementaux qui peuvent être diminués.
La chute est un événement accidentel ,brutal et traumatisant ,elle n’est pas le fait du hasard ,mais reflète l’état fonctionnel antérieur de la personne, ou la non adaptation de son domicile.
La prise en charge de la chute doit être multidisciplinaire, à domicile et doit rassurer la personne et son entourage pour un maintien à domicile pérenne.
Marine Guist’hau
SENIOR COORDINATION
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