La dénutrition des personnes âgées

En France, la dénutrition des personnes de plus de 70 ans touche 400 000 personnes à domicile et 270 000 en EHPAD. Si les signes sont faciles à repérer, il faut agir rapidement pour stopper la dégradation de la santé physique et morale. Il existe des solutions pour éviter des conséquences qui peuvent être graves.

Oncle Robert n’a plus faim !

Après une longue hospitalisation due à une chute à la maison, Robert a vraiment insisté pour rentrer chez lui. Impossible pour lui de rester plus longtemps loin de son potager. Toutefois, force était de constater que Robert avait maigri et ressortait affaibli de cette épreuve. En deux mois de convalescence il avait perdu plus de 5 kg. Inquiet à la perspective de devoir partir vivre en maison de retraite, il n’avait pas trop le moral à manger… Et puis il faut dire que les repas de l’hôpital ne lui disaient trop rien ! Dans ce contexte, est-il bien raisonnable de rentrer vivre seul à la maison ?

Qu’est-ce que la dénutrition ?

La dénutrition représente l’état d’un organisme en déséquilibre nutritionnel. Ce déséquilibre est caractérisé par un bilan énergétique et/ou protéique négatif. Le plus souvent, les causes de la dénutrition sont multiples. L’apparition de certains signes doivent conduire à consulter son médecin sans tarder.

Quels sont ces signes ? La perte d’appétit, la perte de poids involontaire, le repli sur soi doivent alerter l’entourage de la personne. Les autres symptômes sont variés et peuvent se traduire par de la fatigue, une apathie, un visage creusé, des cheveux ternes, une peau sèche, une faiblesse musculaire, une baisse d’interactions sociales, une perte d’intérêt pour des loisirs…

Les conséquences de la dénutrition

Chez la personne âgée, les conséquences peuvent être graves. Les personnes dénutries peuvent contracter toutes sortes d’infections et pathologies, les risques de chute sont plus élevés, les différentes fonctions physiologiques essentielles peuvent être altérées (musculaire, immunitaire, de cicatrisation) sans compter le retentissement psychique et relationnel… Il est donc primordial de détecter rapidement les premiers signes de cet état nutritionnel et de mettre en place les solutions qui permettront de remonter la pente !

Et Robert dans tout ça ?

Robert n’a pas d’enfants, et c’est sa nièce Valérie qui veille sur lui autant qu’elle peut, entre sa famille et son boulot. Valérie était vraiment désireuse de permettre à Robert de rentrer chez lui mais n’avait pas la disponibilité pour gérer toutes les démarches, notamment pour que son oncle s’alimente bien au quotidien et retrouve des forces. Autrefois, c’était la femme de Robert qui cuisinait, et depuis qu’il est veuf, il faut avouer que les repas ne sont pas très équilibrés…

Alors Valérie a proposé à son oncle de faire appel à Coordinéo, un service de coordinateur autonomie à Tours, afin de mettre en place les aides nécessaires à un retour à la maison dans de bonnes conditions. Capucine, coordinatrice autonomie et infirmière de formation, s’est rendue à l’hôpital quelque jours avant la sortie de Robert, pour faire connaissance et évaluer ses besoins notamment en faisant le point avec les infirmières du service. Capucine a pu identifier la problématique de dénutrition et proposer à Robert des solutions adaptées. Ainsi, deux fois par semaine, une auxiliaire de vie, toujours la même, vient faire les courses puis cuisiner avec lui. Robert choisit ce qu’il a envie de manger passe un moment convivial à préparer le repas avec Estelle. Mais Robert aime bien sa tranquillité et ne tient pas à avoir « trop de monde trop souvent » chez lui. Les autres jours, il a donc été décidé de faire à un service de livraison de repas. Au départ Robert était un peu dubitatif de ces repas réceptionnés dans des barquettes en plastique. Mais dès la première visite de suivi effectuée par Capucine, il lui a confié : « c’est quand même bien meilleur qu’à l’hôpital, surtout les desserts ».

Coordinéo s’est aussi occupé d’installer une téléassitance, de faire le lien avec le kiné, les infirmières à domicile et le médecin traitant de Robert, mais également de faire toutes les démarches administratives. Robert n’est pas éligible à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), mais un dispositif « sortie d’hospitalisation » de sa mutuelle a pu être actionné pour financer une partie du coût de l’intervention de l’auxiliaire de vie et de la livraison des repas. Aujourd’hui Robert a retrouvé des forces, il peut de nouveau faire son potager, qui le lui rend bien avec ses tomates légendaires qui agrémentent son assiette et qu’il offre à sa nièce Valérie.

Quand l’appétit va, tout va !

En résumé, pour prévenir la dénutrition, il est d’abord important de bien s’alimenter, et de prendre du plaisir à manger. Contrairement aux idées reçues, les besoins alimentaires ne diminuent pas avec l’âge. Les personnes âgées ont des besoins alimentaires plus importants que le reste de la population.

Cuisiner avec la personne âgée a de multiples vertus : cela favorise l’autonomie par le maintien d’une activité manuelle et permet un moment d’échange et de vie sociale. Les plats et les odeurs réveillent des souvenirs, rappellent des anecdotes et stimulent les sens. Cuisiner met en appétit ! Se faire livrer des repas est une autre solution. Il est souvent possible de choisir parmi plusieurs plats et faire un essai n’engage à rien ! En tout cas, l’important est de se faire plaisir ! Dresser une belle table, même lorsque l’on est seul, permet de contribuer à garder le plaisir de manger.

Parallèlement il est important de pratiquer une activité physique quotidienne : monter/descendre régulièrement les escaliers, jardiner, faire quelques pas dehors tous les jours pour aller chercher son courrier, du pain ou bien promener son animal de compagnie…

Enfin, dans certains cas, le médecin peut prescrire des compléments alimentaires adaptés. Ils existent sous différentes formes et aux goûts variés : boissons, crèmes, gâteaux…

Par Capucine de la Rüe du Can, infirmière, Coordineo