Vivre chez soi

La visite de l'ergothérapeute

Bonjour, je m’appelle Alphonsine et j’ai 83 ans. Comme la majorité des personnes âgées en France, j’habite à domicile. En effet, seules 24 % des femmes de 90 ans vivent en institution[1]. Je suis seule désormais mais j’espère rester chez moi le plus longtemps possible ! C’est toute ma vie, MA maison.

Mon ergothérapeute m’a prodigué des conseils pour améliorer mon confort et faciliter mon quotidien. Je vais vous les faire partager…

[1] France, portrait social – Insee Références – Édition 2021

Mais avant cela qu’est qu’un(e) ergothérapeute ?

L’ergothérapeute est un professionnel de santé exerçant dans les champs du sanitaire, médico-social et social. Il accompagne des personnes rencontrant des difficultés dans la réalisation des activités de vie quotidienne qui altèrent leur indépendance et/ou leur autonomie. L’objectif de l’ergothérapie est de maintenir, de restaurer et de permettre les activités humaines de manière sécurisée, autonome et efficace[1]. Des recherches scientifiques soutiennent que l’engagement occupationnel a un effet bénéfique voir protecteur sur la santé[2].

Après une évaluation de la situation, l’ergothérapeute établit un diagnostic ergothérapique en utilisant une approche systémique centrée sur la personne (ses habiletés, ses habitudes de vie), ses activités (les limitations) et son environnement social (interactions) et matériel (lieux de vie). L’ergothérapeute peut alors proposer une intervention spécifique pour : adapter les activités (modification gestuelle, mises en situations pour entrainement cognitif…), présenter et expliquer l’utilisation d’aides-techniques, proposer des aménagements du domicile…

L’ergothérapeute peut également intervenir dans une démarche de prévention : aménagement du domicile et prévention des chutes par exemple.

[1] Source ANFE, Association Nationale Française des Ergothérapeutes

[2] Jean-Michel Caire et Arnaud Schabaille, Engagement, occupation et santé, 2018

 

Mon ergothérapeute a visité toute ma maison, suivez-moi !

Il m’a d’abord proposé un petit quiz pour attirer mon attention sur les risques dissimulés chez moi : 

  • Dans mon logement les sols sont-ils réguliers ? ☐ Oui ☐ Non
  • Puis-je me déplacer facilement et sans obstacle ? ☐ Oui ☐ Non
  • Utilisez-vous des points d’appui ? ☐ Oui ☐ Non
  • L’éclairage est-il suffisant et accessible ? ☐ Oui ☐ Non
  • Disposez-vous d’un fauteuil de repos adapté ? ☐ Oui ☐ Non
  • Les objets fréquemment utilisés sont-ils accessibles ? ☐ Oui ☐ Non

J’espère que vous serez plus performants car j’avais 3 réponses négatives : mon tapis au pied du lit, l’absence de barre d’appui dans ma douche et mon vieux canapé du salon… Grâce aux conseils donnés ci-dessous, j’ai pu réduire les risques.

Voici les points sur lesquels il faut être vigilant :

  • Déplacements : Attention aux différences de niveau entre les pièces, aux seuils de porte-fenêtre, à l’état du sol, retirer les tapis ou les fixer au sol, enlever les objets encombrants sur le sol et dans les espaces de circulation, fixer les fils électriques, utiliser son aide de marche
  • Avoir des appuis stables: Rampes dans les escaliers, barres d’appui dans les espaces sanitaires, près des marches intérieures
  • Eclairage : Privilégier l’éclairage naturel et les plafonniers, attention aux zones d’ombres perturbantes, ajouter des éclairages directionnels pour des activités spécifiques comme la lecture, bien nettoyer les ampoules (des ampoules propres 20% de luminosité supplémentaire). Voici quelques solutions pour les déplacements nocturnes : interrupteurs lumineux, ruban adhésif phosphorescent, veilleuse et éclairage à détection de mouvements.
  • Mobilier : Attention à la stabilité des meubles. Privilégiez des fauteuils/ chaises avec accoudoirs et avec une bonne hauteur d’assise. Les objets fréquemment utilisés doivent être facilement accessibles (petit repère : hauteur comprise entre les genoux et les épaules)

C’est parti pour la visite…

Dans l’entrée : Mon paillasson est antidérapant et plat comme cela pas de risque de se prendre les pieds dedans et l’interrupteur est facile d’accès et il se repère bien car il est luminescent. Il y a également de la place pour ranger mon rollator que je n’utilise qu’à l’extérieur. J’ai une chaise dans mon entrée près du porte manteau mural car j’ai besoin de m’asseoir pour me chausser (j’ai un chausse-pied à long manche à proximité). Pour le chaussage, voici les conseils que l’on m’a donné.

Lutter contre l’isolement

Choisir ses chaussures et chaussons[1]

  • A la bonne taille (un doigt entre le talon et le contrefort de la chaussure) et respectant le volume du pied
  • Fermées, ils tiennent bien le talon et maintiennent la cheville latéralement
  • Possèdent une bonne fixation réglable (si le laçage est difficile, on peut utiliser des lacets élastiques, des scratchs …)
  • Le talon est carré et bas (2 à 3 cm) pour une bonne stabilité
  • La semelle est antidérapante

 

Pas de chaussage ne tenant pas le pied comme les sabots, claquettes, mules….

 

Mon salon/salle à manger : C’est ma pièce préférée avec toutes mes photos souvenirs et la table où je joue aux cartes avec mes copines lorsque c’est mon tour de les recevoir le mardi et qui sert aux repas de famille! Pour brancher l’aspirateur, je n’ai pas besoin de me baisser, mon fils a installé un réhausseur de prise et j’utilise ma pince à long manche pour ramasser le fil. Les fils électriques ne trainent pas partout car ils sont fixés le long des murs. Je vais changer mon vieux canapé car j’ai du mal à me relever : j’ai besoin d’un fauteuil !

Choisir les chaises et les fauteuils

  • Assise: haute qui arrive au creux des genoux (fesses plus hautes que les genoux), pas trop profonde (lorsque les fesses sont au fond de l’assise et les pieds bien au sol, on peut glisser 3 doigts entre le bord du fauteuil et le creux du genou), ferme mais confortable (ne pas rajouter de coussins)
  • Dossier haut pour pouvoir soutenir la tête pour le fauteuil de repos et galbé pour soutenir les lombaires
  • Présence d’accoudoirs
  • En cas de difficulté à se relever, un fauteuil releveur pourra être utilisé si la personne est en capacité d’utiliser une télécommande.

Dans la cuisine : J’aimais beaucoup cuisiner mais maintenant, je fais des repas simples sauf lorsque l’on fait des gâteaux avec mes petits-enfants. J’ai une plaque à induction avec un bouton car les commandes tactiles ce n’est pas simple pour moi. Ma fille ne s’inquiète plus pour le gaz ! De même, je n’ai plus de tapis de cuisine car je me prenais les pieds dedans. Je dispose d’un plan de travail à hauteur de mon bassin sur lequel tout le matériel fréquemment utilisé est à portée de main comme ma cafetière pour le café du matin, mon mini-four pour les petits gratins, mon minuteur pour que les plats n’attachent pas… Avec mon aide à domicile, nous avons réorganisé les placards. Mon ergothérapeute m’a indiqué que la zone entre les genoux et les épaules m’était accessible en toute sécurité : fini l’escabeau. Ma vaisselle de fête est en hauteur ; je demande de l’aide quand j’en ai besoin. Les ustensiles plus lourds sont dans le bas comme la cocotte-minute. J’ai choisi des poignées en U pour les portes et les placards qui sont bien plus commodes lorsque mes mains me font souffrir et je les attrape facilement. Enfin, pour le petit coup de balai de fin de repas, j’utilise une pelle à long manche. Si je suis fatiguée, je m’assois pour travailler comme pour éplucher et couper les légumes : ma chaise assis-debout me sers également lors du repassage.

Pour la toilette, depuis mon opération de la hanche, j’ai aménagé ma salle de bain et fait installer une douche à l’italienne avec un revêtement antidérapant. Pour me laver les cheveux, je m’assois sur un tabouret de douche. Je vais faire installer une barre d’appui (je ne voulais pas abimer la faillance neuve !) qui me servira pour me relever et m’évitera de tomber en cas de déséquilibre. A la sortie de la douche, je pose mes pieds sur un tapis antidérapant tout moelleux et j’attrape mon peignoir sur le porte manteau à côté. Si je suis fatiguée, je fais une toilette assise devant le lavabo ; il y une chaise à cet effet et l’espace sous le lavabo est bien dégagé. Mon lave-linge est dans la salle de douche et je n’ai pas besoin de me baisser car il est surélevé et s’ouvre avec un hublot.

Choisir une barre d’appui

  • Pour maintenir son équilibre en plusieurs endroits et faciliter le franchissement d‘obstacle : la douche, la baignoire, les toilettes, près des portes fenêtres
  • Plusieurs formes disponibles : droite, coudée, en L , en T. A choisir en fonction des habitudes de vie de la personne.
  • Une attention particulière est à apporter pour le système de fixation à choisir en fonction du type de mur. Les barres à ventouse sont à éviter.
  • Pour une meilleure préhension privilégier les barres d’appui ronde avec un diamètre d’au moins 30 mm. Les barres d’appui en métal sont plus robustes.

Pour le choix et l’emplacement vous pouvez demander conseils à un ergothérapeute.

 

Douce nuit…

J’ai changé les pieds du lit car celui-ci était trop bas et j’avais du mal à me lever et c’est moins fatigant pour faire mon lit. Maintenant, je prends le temps de me lever pour éviter les étourdissements. D’abord je m’assois au bord du lit, j’attends un peu puis j’enfile mes chaussons et je prends appui sur mon matelas pour me relever. Mon ergothérapeute m’a présenté une poignée de lit si cela devenait plus difficile. Sur ses conseils, j’ai enlevé la descente de lit pour éviter de glisser et tomber. Sur ma table de nuit, j’ai mon téléphone, une lampe de chevet avec un interrupteur luminescent pour les levers nocturnes. Pour aller aux toilettes, le cheminement est bien dégagé et il y a des ampoules à détection de mouvements dans le couloir et les toilettes. Comme dans toute la maison, les volets sont électriques, je profite donc de la lumière du jour dès le matin et lors de la sieste je me repose bien mieux avec les volets fermés.

A l’extérieur aussi je fais attention !

L’activité physique c’est bon pour la santé et j’aime sortir de chez moi mais je fais très attention. Je mets de bonne chaussure, je prends mon téléphone en cas de besoin et mon rollator si je vais me promener.

J’accède à ma boite à lettre facilement car avec mon mari nous avions fait installer un cheminement bétonné (pente <5%) bien pratique lorsque je prends mon rollator. Un éclairage à détection de mouvement s’allume automatiquement lorsque j’approche de la porte d’entrée ; comme cela lorsque je rentre du club en hiver, je peux ouvrir ma porte facilement. Je fais très attention à ne rien laisser trainer au sol, surtout lorsque j’arrose mes fleurs et un jardinier me ramasse les feuilles à l’automne ! Pour les courses, j’utilise le panier de mon rollator pour les ranger ; ainsi pas de fatigue inutile et moins de risque d’être déséquilibrée. Mon amie, Juliette, utilise un chariot à pousser qui est plus facile à diriger et sollicite moins l’articulation de l’épaule qu’un caddie classique. Elle ne veut pas le reconnaître mais il lui sert d’appui au marché et maintient son équilibre lorsqu’elle ne fait pas attention. Moi avec mon rollator, je peux faire une petite pause (en utilisant l’assise) près de l’étang où nous allions souvent avec mon mari.

[1] HAS • Conseils pour les chaussures de série • novembre 2020

Attention ! Restez prudents

Je me sens bien chez moi et en sécurité mais je vous partage les petits-trucs que j’ai retenus de la conférence prévention des risques à domicile organisé par mon Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC).

 

Comment ?

Alerter : noter les numéros d’urgence (15, 18, 17) sur une fiche à côté du téléphone. Appeler le 15 avant l’entourage en cas de problème de santé. De même, appeler le 18, avant l’entourage en cas d’incendie ! La téléalarme est également sécurisante pour certaines personnes, parlez-en autour de vous.

Éviter les arnaques : Ne pas ouvrir aux personnes qui ne se présentent pas (utiliser un entrebâilleur), demander un accompagnement pour des achats important, ne pas donner d’informations personnelles par téléphone…

Évitez la chute : Ne pas se précipiter, faire de l’activité physique tous les jours, garder ses sens en alerte (vue et audition), bien manger, vieller à son sommeil. En cas de chute sans gravité, parlez-en tout de même avec votre médecin !

Se faire aider : Prendre soin de soi c’est parfois accepter de l’aide pour rester en forme : laver les vitres, entretenir une grande maison, porter de gros sacs de courses, être accompagné lors des sorties…

Trouver le bon professionnel : Vous pouvez vous renseigner auprès de la mairie, du CLIC et bien-sûr, d’un coordinateur autonomie, qui vous accompagnera jusqu’à la mise en place des aides et sur le long terme si vous le souhaitez !

 

Alors, n’hésitez plus à contacter un coordinateur autonomie. Ce professionnel de proximité élaborera avec vous et pour vous, un projet personnalisé, vous accompagnera dans la mise en place de solutions adaptées et assurera un suivi pour favoriser votre santé et qualité de vie.

 

 

Marie DAMON, Bulle D’Autonomie

 

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